Dermatoses bulleuses post vaccin Covid-19 : à propos de quatre cas - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
Les dermatoses bulleuses auto-immunes sont des maladies peu fréquentes. Elles ont été associées à certains vaccins. De rares cas ont été décrits avec le vaccin Covid-19. Nous rapportons quatre cas de dermatoses bulleuses post vaccin Covid-19.
Patients et méthodes |
Nous avons retenu les patients qui ont présenté, soit une poussée de dermatose bulleuse, soit une dermatose bulleuse inaugurale suite à la vaccination anti-covid-19. Le diagnostic a été basé sur des critères cliniques, histologiques et immunologiques.
Résultats |
Notre série était constituée de 4 femmes. L’âge moyen était de 64,7 ans. Nous avons retrouvé deux poussées de pemphigus et deux pemphigoïdes bulleuses inaugurales post vaccins covid-19.
1er cas : une patiente âgée de 43 ans, suivie pour pemphigus séborrhéique depuis mars 2014, a présenté 24h après la 1ère dose de vaccin ChAdOx1-S une poussée de son pemphigus. À l’examen, elle présentait des plaques érythémato-croûteuses au niveau du cou, tronc et des membres avec des érosions post bulleuses motivant une augmentation de la dose de corticothérapie générale pour stabiliser sa maladie avec une bonne évolution après deux mois de suivi.
2e cas : une patiente âgée de 53 ans, suivie pour pemphigus vulgaire depuis 2018 nous a consulté pour poussée de son pemphigus. Elle a reçu une première dose de tozinaméran le 10/06/21 sans incidents et une deuxième dose le 05/07/21. Deux jours après avoir reçu le vaccin, il y a eu apparition de nouvelles bulles et d’érosions au niveau du tronc, des membres avec issue de pus. Cette patiente a été traitée par corticothérapie 1,5mg/kg/j, azathioprine 50mg 1cp*2/j pour stabiliser sa maladie avec une dégression progressive de la corticothérapie sur des mois avec une bonne évolution.
3e cas : une patiente âgée de 79 ans aux antécédents de diabète, d’hypertension artérielle et d’hyperthyroïdie s’est présentée à notre consultation pour éruption bulleuse 24h après le la première dose de vaccin tozinaméran. A l’examen, la patiente présentait des bulles tendues à contenu hémorragique diffuses. La biopsie a montré un décollement bulleux siégeant au niveau de la jonction dermo-épidermique. L’immunofluorescence directe était en faveur d’une pemphigoïde bulleuse. Cette patiente a été traitée par corticothérapie générale avec dégression progressive et une bonne évolution.4e cas : une patiente âgée de 84 ans aux antécédents de diabète, dyslipidémie, hypertension artérielle et d’accident vasculaire cérébral nous a été adressée pour éruption bulleuse survenue 7jours après la vaccination par BBIBP-CorV. À l’examen, elle présentait de multiples bulles tendues reposant sur une base érythémateuse et des érosions post bulleuses siégeant au niveau du tronc et des membres. L’étude histologique et l’immunofluorescence directe était en faveur d’une pemphigoïde bulleuse. La patiente était mise sous dermocorticoïdes avec une évolution favorable et cicatrisation complète des lésions au bout d’un mois.
Conclusion |
Chez nos patientes, la survenue de la dermatose bulleuse ou d’une poussée sévère et étendue dans un délai court après la vaccination avec une évolution rapidement favorable sous corticothérapie sans récidive fait suspecter la responsabilité du vaccin Covid-19. Toutefois, compte tenu des risques liés au Covid-19 pour les patients atteints de dermatoses bulleuses et de la rareté de ces évènements, les cliniciens doivent encourager la vaccination complète.
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Vol 43 - N° S1
P. A173 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.